Mais pourquoi nous mettons nous en danger au travail ?

Introduction : 

On est souvent surpris face aux accidents du travail, pourquoi « se met on » dans des situations dangereuses alors qu’on en sera le plus souvent la première victime ?

Bon, parfois on nous met plutôt qu’on ne se met, heureusement le plus souvent en ignorance de cause !

Mais d’autres fois on se met soit même dans ces situations !

Dans les 2 cas on retrouve souvent les mêmes natures de raisons.

Mettons de côté tout de suite le cas cynique d’un patron, d’un chef qui, obsédé par son objectif (de production, de délai, de gain, de coût, de rentabilité), par intérêt ou par peur, fait le « pari » de faire prendre le risque d’un accident à ses collaborateurs en sachant (plus ou moins clairement) qu’il ne sera pas la première victime ! Dans certain cas il n’a pas conscience du risque mais n’a pas fait son devoir légal d’évaluer ce risque ! Dans d’autres cas il connait le danger mais l’intérêt, à ces yeux, vaut bien que le risque soit pris. Et peut-être ignore-t-il les conséquences ?

se mettre en danger au travail, pourquoi ?

Outre le cynisme voyons les autres raisons :

La première grande cause est un poste, une installation, un atelier, un laboratoire mal conçu

La suppression des dangers, l’évaluation des risques et leur contrôle a mal été pris en compte dans l’étude du poste (et parfois même il n’y a pas eu d’étude du poste). Par exemple on s’est contenté de changer une machine trop vielle par une nouvelle différente. Et on a pensé que le marquage CE de la machine garantissait la sécurité de la zone !

Mais il peut manquait de place autour de la machine pour permettre un travail sûr et obliger à des postures peu ergonomiques, ou l’éclairage peut ne plus être adapté, les accès maintenance peuvent être peu accessibles.

Dans l’atelier les installations, les cloisons peuvent masquer les dangers (la circulation d’engins par exemple).

Les moyens de contrôle des risques peuvent être insuffisants ou même inefficaces et par conséquent dangereux si on leur fait confiance.

Le fonctionnement et l’ergonomie de l’atelier ou du poste peut ne pas être adaptée aux personnes y travaillant effectivement, à leur âge, à d’éventuelles limitations physiques. Par exemple les efforts, les charges peuvent être trop lourdes, les interfaces homme-machine écrites trop petites.

On arrive à limiter ces problèmes en associant les opérateurs à la conception du poste mais une installation mal conçue du point de vue de la sécurité mettra en danger ceux qui y travailleront.

 

Une deuxième grande cause est une perception fausse des risques

L’entreprise peut en être responsable mais les individus également.

 

L’entreprise est responsable de former ses collaborateurs à tous les aspects de leur travail et de développer une véritable culture de la sécurité

Mal formé à son travail, aux modes de travail en sécurité, aux dangers et aux risques, aux moyens et procédures de contrôle de ces risques, et aux réactions en cas d’incident on s’exposera aux dangers par ignorance du risque et de ses conséquences.

Cette ignorance peut générer soit du stress soit de l’inconscience. Les deux sont sources d’accidents.

Sans culture de la sécurité, des dangers et des risques, on assimilera moins bien la formation et on sera, au moindre écart par rapport à ce qu’on nous a appris ou face à un imprévu, exposé au danger. On n’aura pas la bonne attitude, le bon réflexe culturel qui nous sauvera ou nous permettra de sauver les autres.

Sans formation et culture on se met en danger, avec on perçoit mieux les dangers, on évalue mieux les risques et donc on évite de s’y exposer !

 

Parfois on se met soi-même en danger par son sentiment d’invincibilité ou par son état

Notre grande expérience, notre habilité, notre connaissance précise du travail mais parfois aussi notre culture personnelle, l’effet d’entrainement nous poussent à surestimer notre « force » face au danger et à nous mettre en danger. On se sent en quelque sorte invincible !

Par exemple en travaillant sans les gants préconisés car ils me font perdre de la dextérité, ou en court-circuitant la protection d’une machine pour mieux voir mon travail ou en ne m’assurant pas lors d’un travail en hauteur ou en soulevant des charges lourdes sans utiliser l’assistance prévue à cet effet …

 

Ou c’est parfois notre état qui altère notre perception du danger :

Notre état de fatigue et l’envie de finir vite nous fera tenir une pièce à la main plutôt que de la brider. Notre manque de sommeil, notre manque de concentration quand notre esprit est accaparé par un problème nous empêchera d’entendre le bip de recul d’un engin.

L’alcool, le stress …modifieront notre perception du danger et nous pousseront à des actions dangereuses pour nous et peut être pour les autres ou à nous mettre dans des situations dangereuses.

 

Et c’est aussi notre « culture personnelle », nos valeurs d’action, d’indépendance, de vitesse qui nous feront agir inconsidérément sans prendre le temps de la réflexion.

 

Une troisième grande famille de cause est la pression et la contrainte

Elles peuvent être implicite ou explicite et venir de l’entreprise, du groupe ou de soi-même.

Une très forte culture du résultat individuel dans une entreprise, les challenges permanents entre collègues, le pilotage uniquement sur les écarts de résultats peuvent s’ils ne sont pas balancés par une supervision sur la façon de faire et sur la sécurité exacerber des comportements individuels déjà peu prudents ou à l’inverse développer un stress bien mauvais conseilleur en termes de sécurité.

Pour obtenir le résultat on cherchera à travailler vite et on contournera les dispositifs de sécurité qui nous ralentissent ou les bonnes pratiques chronophages… et si l’encadrement n’intervient pas on se sentira encouragé dans notre attitude ! et in fine dans notre mise en danger !

 

On peut aussi avoir peur de déclarer un problème de santé par crainte de perdre son poste ou son « rang » et se trouver face à des efforts, des rythmes, des hauteurs …qu’on ne peut plus maitriser.

 

Il peut y avoir d’autres raisons comme les réflexes naturels

Certains peuvent être salutaires comme reculer devant un danger mais d’autres préjudiciables comme vouloir retenir un objet brulant ou une machine en mouvement qui tombe ! Etant plongés dans son travail on aura le reflexe de le protéger avec de se protéger soit même.

 

 

Face à toutes ces situations, les solutions tournent toujours autour des quatre mêmes idées indissociables :

Préparation : réfléchir dès la conception des postes de travail, aux modes de travail, aux déplacements, aux dangers, aux protections. De le faire le plus possible avec ceux qui vont opérer les postes (pour la production, la maintenance, la qualité, le nettoyage …)

Formation :  aux postes, aux risques, aux dangers et pas seulement à l’utilisation d’une machine ou à la réalisation d’un travail.

Culture : développer une culture du travail en sécurité par l’exemplarité de chacun, par le placement non feint de la sécurité des personnes devant le reste, par le traitement réel des problèmes. Cette culture permettra à chacun d’avoir la bonne attitude et les bons réflexes devant une situation dangereuse même imprévue.

Encadrement qui intègrera la sécurité dans son management de façon humaine, qui recadrera des attitudes à risque, qui ne poussera pas à ces attitudes et qui instaurera un climat de confiance indissociable d’un travail en sécurité.

 

Contactez-nous si vous voulez pousser plus loin cette réflexion ou vous engager dans des actions d’amélioration de la sécurité dans votre entreprise. Nous nous ferons un plaisir d’échanger avec vous.

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